« Enjeux contemporains 12 » : l’art dans la littérature
La 12e édition du festival Littérature, enjeux contemporains ouvre l’année 2019 sur le thème « l’art dans la littérature ». La Maison des Écrivains et de la Littérature a réaffirmé son désir de matérialiser le dialogue entre les universitaires et les écrivains contemporains par ce rendez-vous annuel.
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La littérature nous donne à voir. Cependant, elle ne le fait pas à la manière d’un miroir qui nous offre un reflet du réel. L’écrivain aime se risquer à l’inconnu et jouer pour le plaisir. Car le propre de la littérature est d’éprouver les limites de l’écriture afin d’en permettre le renouvellement permanent et finalement la vie. L’exploration des autres arts en est, donc, un des éléments constitutifs.
Pour la littérature, s’ouvrir à des domaines différents, c’est remettre en cause ses propres concepts et finalement se regarder soi-même par un autre truchement. C’est la question posée aux Enjeux contemporains de cette année : comment la littérature s’enrichit-elle des autres arts et se réinvente-t-elle à leur contact ?
Espace
L’exploration qu’un auteur expérimente dans son écriture lui fait porter son regard au-delà des limites du réel et du possible. Puis, les lecteurs sont embarqués avec lui dans son aventure et prennent part à l’« évasion carcérale de l’étroitesse de [leur] propre esprit », selon les mots d’introduction de l’écrivain Nicole Caligaris.
Mais, l’espace découvert n’est nulle part ailleurs qu’en nous-même. Ainsi, par le biais de diverses expressions artistiques, notre esprit s’exprime, s’étend, s’étire. Plongé dans la lecture d’une œuvre, le lecteur part à la conquête des territoires de son imaginaire.
Temps
La littérature tente également de maîtriser le temps. Un livre est moins un recueil d’idées qu’un monde en lui-même. Pour créer ces mondes, les écrivains relèvent le défi de s’affranchir des contraintes de l’écriture.
Avec le processus de retranscription, les émotions, les idées et l’imaginaire prennent la forme de mots qui se succèdent. Pour les écrivains, l’enjeu est de dépasser l’obstacle de la linéarité du temps pour atteindre la simultanéité, rejoindre l’instant et, ainsi, retourner à l’émotion première.
Ce fut, comme l’a souligné Dominique Viart, co-fondateur des Enjeux, toute la quête des avant-gardes au XXe siècle, laquelle atteignit un tel degré d’exacerbation qu’elle finit par faire perdre tout contact avec la réalité.
Transpositions artistiques
Aujourd’hui, la réceptivité de la littérature aux diverses sources d’influence est plus que jamais vive et dépasse même le strict domaine artistique. La littérature s’amuse avec les jeux visuels inspirés de poèmes, de la photographie et de plans cinématographiques. Les écrivains s’emparent de la musique et du montage des films qui leur inspirent le rythme de leurs phrases et insufflent de l’oxygène à leur texte. Enfin, le dessin, la peinture et la photographie réactualisent le défi de la littérature face au temps présent.
Mais, les œuvres contemporaines semblent retrouver cette valeur essentielle de la littérature qui est celle d’un profond réveil, d’un retour à la vie. En effet, les écrivains se défont de l’enfermement formel et de la volonté de choquer, propres au XXe siècle, pour plutôt s’intéresser au monde, tendre vers la réalité, porter leur attention au public. « La littérature se serait-elle assagie ? », comme le fait remarquer Dominique Viart ?
Sixtine Molia
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